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La mutation des grandes entreprises en entreprise étendue

“Ce qui est valable pour nous doit pouvoir s’étendre à nos clients coiffeurs, pharmaciens … et à l’ensemble de nos fournisseurs”

Charles Arkwright

L’entreprise étendue est définie comme un groupe d’entreprises qui s’associent de manière à atteindre des objectifs en commun.

Charles Arkwright, directeur de L’Oréal et Anthony Bergès, Directeur marketing&communication Freelance.com partagent avec vous, leurs visions des choses à ce sujet.

2020, année de “stress-test” pour l’entreprise étendue. Quel est le bilan de cette séquence entre donneurs d’ordres et fournisseurs ?

Deux hommes qui discutent

Année de tension ou année de solidarité?

Charles A : La vision de Jean-Paul Agon lors de sa prise de mandat en 2011 fut que notre réussite s’apprécierait – bien sûr – par notre performance financière, mais aussi par l’extra-financier. Ce fut le déclencheur de chantiers sur la responsabilité sociale et sociétale qui ont franchi un nouveau cap, au printemps 2020, avec le programme L’Oréal pour le Futur, qui vise à répondre aux grands défis de la planète et ouvre la voie à un avenir plus inclusif et plus durable. Ce qui est valable pour nous doit pouvoir s’étendre à nos clients coiffeurs, pharmaciens… et à l’ensemble de nos fournisseurs. Quelles que soient les personnes qui viennent contribuer à la création de valeur, nos salariés, notre écosystème, il faut créer de la valeur extra-financière. Nous avons une conscience large de notre écosystème, et donc de notre responsabilité. Notre volonté est d’être exemplaire sur cette responsabilité. Dans le contexte actuel, cette « responsabilité étendue » à de multiples conséquences. Juste un exemple : ce que nous avons fait avec les coiffeurs durant le premier confinement. Nous avons été la seule entreprise à faire un gel massif des créances clients, une sorte de « PGE » L’Oréal, pour les aider à passer cette séquence.

Anthony B : Le premier épisode de confinement fut brutal pour de nombreux indépendants et prestataires. C’est dans des moments tels que celui-ci que les différences de statuts, d’accompagnements et d’amortisseurs sont les plus évidentes entre les salariés et les freelances. Dans beaucoup d’entreprises et pour beaucoup de salariés, la séquence Covid a mis les DRH en première ligne pour organiser, assouplir, prévoir. Il y a peu d’entreprises aujourd’hui dans lesquelles il existe un équivalent pour les freelances, un « Chief Freelance Officer » par exemple. Chez freelance.com, cette période a donc été particulièrement intense et nous avons géré beaucoup de cas particulier pour trouver les meilleures solutions entre les freelances et les entreprises. Pour autant, nous pouvons témoigner que les grandes organisations privées et publiques avec qui nous travaillons – comme L’Oréal – ont soutenu leurs écosystèmes de talents externes durant cette période et ont fait preuve d’une grande Charles Arkwright, solidarité.

Il y a une première séquence avec une mise en marche forcée du télétravail pour beaucoup d’entreprises. Aujourd’hui, nous vivons une seconde séquence. Avec un télétravail entré dans les mœurs, mais avec de nombreux salariés qui demandent à revenir au bureau.

Quelle sera la norme en matière de télétravail demain? Comment va-t-on gérer des profils qui ont pris goût au travail à distance et à une nouvelle forme d’indépendance?

Charles A : Nous avons des demandes de jeunes talents du marketing, de la Supply Chain, qui veulent aller vivre à Marseille, à Nantes… Cela pose un vrai challenge RH, car nous sommes une entreprise qui croit beaucoup à l’échange pour produire de la créativité. Aujourd’hui, chez L’Oréal, notre conviction profonde est que ce qui maintient le lien, c’est le présentiel. Et la problématique qui va se poser de plus en plus est l’hybridation. Nous savons gérer le tout présentiel ou le tout distanciel, mais c’est beaucoup plus compliqué avec un mix des deux. Il y a des meetings qui ne s’y prêtent pas du tout : pour du Product Development, on regarde des packaging, on les touche… Via teams, ce n’est pas possible. L’équilibre deux jours de télétravail et trois jours de présentiel est un bon équilibre. Et cela tombe bien, ce sont nos accords. La place du télétravail renvoie l’entreprise à sa culture, et la culture d’entreprise ne se remet pas en cause si facilement. Les ways of working peuvent permettre d’adapter la culture à un contexte. Nous avons très bien fonctionné pendant le confinement. Les équipes ont été très productives, nous avons donc prouvé que cela pouvait fonctionner. Mais attention aussi à ne pas avoir deux mondes, entre ceux qui peuvent télétravailler, qui sont très flexibles, et les autres, ceux qui se lèvent tôt pour aller dans la ligne de production. Tout le monde n’est pas cadre. Chez L’Oréal, nous avons énormément de formulateurs, d’ouvriers, d’agents de maîtrise, d’équipes dans les centrales… qui ne peuvent pas télétravailler et qui ont été en première ligne pendant la crise, par exemple pour produire du gel hydro-alcoolique.

Anthony B : S’il y a bien un aspect que les freelances ont l’habitude de gérer, c’est le « remote ». De ce côté-là, ce sont davantage leurs clients qui ont dû prendre le train en marche forcé du télétravail, des réunions teams et autres points d’équipes ou partages d’écrans via zoom. Pour autant, il ne faut pas s’y tromper non plus, les talents externes que nous interrogeons attachent énormément d’importance au contact humain, au présentiel. Même dans des périodes particulièrement incertaines, comme durant l’été 2020, les réponses à nos enquêtes continuaient à positionner le rapport humain, l’échange, l’accueil et l’intégration comme des critères de premier plan dans le choix des missions. La valeur ajoutée d’un expert freelance tient aussi à tout ce qu’il peut produire en présentiel, au-delà de ses « hard skills » : par son savoir-être, par ses interactions, il apporte une expérience et un regard externe à son client pour créer de la valeur et innover. Et comme beaucoup l’ont exprimé, l’onboarding de nouveaux collaborateurs, qu’ils soient internes ou externes, a souvent été un des cas les plus difficiles à gérer en mode télétravail…

“Dans beaucoup de métiers, notamment dans le numérique, les allers-retours sont déjà fréquents entre salariés chez son client et le freelancing”

Anthony Bergès

Pour lire l’intégralité de l’échange, nous vous invitons à télécharger le yearbook des change makers.

17 ans de marketing dans le secteur des services et des prestations intellectuelles. Passionné par la transformation sociétale en cours qui impacte la relation entre les talents et les entreprises : en route vers l’Open Talents !

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