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Créer de l’harmonie entre les nouvelles technologies et l’humain, avec Caroline Loisel

Alors que les nouvelles technologies avaient déjà profondément modifié les habitudes de travail depuis les années 2000, un coup d’accélérateur a été donné avec la crise du Covid. Explosion du télétravail, multiplication des outils de communication et de partage, apparition de ChatGPT : toutes les entreprises et tous les métiers sont aujourd’hui concernés par la révolution tech qui est en train de se jouer. Si les risques de dérive existent bel et bien, il est néanmoins impossible de s’affranchir des nouvelles pratiques qu’implique l’usage des technologies. Dans cet article issu de l’interview de l’experte RH et Future of Work Caroline Loisel, freelance.com propose d’explorer une thématique incontournable du Work 3.0 : comment mettre de l’harmonie entre la techno et l’humain ?

Du marketing aux RH : une révolution technologique sans précédent

« Il y a 10 ans, les RH et la tech constituaient 2 domaines très différents. Avec le Covid, la technologie a fait une incursion dans les RH, impliquant une profonde transformation des métiers. Aujourd’hui, on peut par exemple utiliser l’IA pour screener des CV ou pour mener des entretiens », souligne Caroline Loisel. D’abord positionnée sur le marketing digital, Caroline Loisel réoriente rapidement son offre de formation vers les RH, pour accompagner les freins soulevés par la révolution technologique. A 10 ans d’intervalle, elle assiste ainsi à des mutations semblables dans ces deux métiers. « J’avais déjà vécu la transformation des métiers du marketing avec la digitalisation. Dix ans plus tard, j’observe celle des métiers RH. L’enjeu a lui aussi évolué : après avoir réinventé l’expérience client, nous devons aujourd’hui entièrement repenser l’expérience collaborateur », affirme l’experte RH.

Comment la tech impacte-t-elle le travail et les RH ?

Si la tech suscite de nombreuses craintes (suppression d’emplois, déshumanisation des rapports au travail, remplacement de l’homme par la machine, hégémonie de l’intelligence artificielle), elle devient toutefois incontournable pour toute entreprise qui souhaite inscrire son activité dans la durée. Or, son impact sur l’organisation et les rapports au travail sont nombreux. Caroline Loisel mentionne ainsi les « fonctions latentes du travail » telles qu’évoquées par la psychologue sociale Marie Jahoda en 1929 : « Au-delà du salaire, le travail permet de structurer notre temps, de nous socialiser, d’avoir une prise de conscience de la notion d’altérité. Aujourd’hui, il faut être vigilant à ce que la technologie — qui offre des possibilités de repli sur soi — ne s’oppose pas à cela. Car au-delà des nouveaux métiers et nouvelles compétences générés par des technos comme ChatGPT, il faut également évaluer la complexité des effets, sur les liens sociaux par exemple. »
Si on prend le cas des outils collaboratifs, on peut considérer qu’ils sont indispensables dans toute organisation pratiquant le télétravail. Mais leur utilisation comporte également des effets collatéraux : ils affectent les relations des collaborateurs avec l’organisation, et des collaborateurs entre eux. D’où une altération du sentiment d’appartenance. « Quant à l’IA générative — qui peut influencer, accompagner, voire suppléer nos capacités cognitives —, elle nous permet certes de gagner en productivité, mais elle peut être néfaste pour l’estime de soi », constate Caroline Loisel.

Comment harmoniser technologie et humain ?

L’enjeu — des entreprises en général, et des RH en particulier — consiste donc à apprivoiser les technologies tout en protégeant le capital humain. Pour Caroline Loisel, la confiance est le premier élément déterminant.
L’experte RH évoque ensuite plusieurs pistes pour instaurer une relation harmonieuse entre techno et humain au niveau de l’organisation : la pratique du co-développement et de la coopération, la pratique du feedback — qui repose sur l’art de la conversation, et la volonté de faire progresser un collaborateur —, mais aussi la ritualisation de l’informel. « La difficulté, c’est que l’informel n’est pas mesurable, et qu’il ne fait donc pas partie du temps de travail. Il est pourtant clé : il permet de désamorcer des tensions, de faire preuve d’empathie, de renforcer le lien avec les équipes, de stimuler la créativité. Avant, on n’avait pas besoin de ritualiser l’informel. Mais avec la nouvelle organisation des relations de travail, ritualiser l’informel est probablement une solution. »
Au niveau individuel, Caroline Loisel conseille de planifier ses temps hors connexion, « car les liens dans la ‘vraie vie’ sont structurants, et nécessaires à notre développement ».

En tant que Responsable Marketing Digtal & Communication au sein du Groupe Freelance.com, je me suis passionné par le monde du travail avec notamment le bien-être au travail, la stratégie digitale des entreprises ou encore la communication.

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