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L’évolution du métier d’acheteur : le point de vue expert de Sylvie Noël

Loin d’être cantonné au rôle de cost killer, l’acheteur occupe aujourd’hui une fonction stratégique au sein de l’entreprise. Digitalisation, contexte de crise sanitaire et économique, engagements RSE : les enjeux à relever par les entités achats sont nombreux, et intègrent une dimension humaine de plus en plus importante.

Comment définir la fonction d’acheteur aujourd’hui ? Quels sont les nouveaux défis à relever ? Quelles sont les compétences requises pour y parvenir ?

Pour répondre à ces questions, freelance.com a interviewé Sylvie Noël, responsable et directrice Achats du groupe Covéa (MAAF, MMA et GMF), et présidente de l’ADRA (Association des Directeurs et Responsables Achats).

Le métier d’acheteur : de quoi s’agit-il ?

L’acheteur a pour rôle d’effectuer tous les achats nécessaires au bon fonctionnement de l’entreprise, qu’il s’agisse de matières premières, de produits, de services ou de compétences. Si la négociation des prix fait partie de son périmètre, le métier intègre également d’autres dimensions en lien avec la gestion des stocks, le pilotage de la qualité ou le niveau de satisfaction client.

« Le métier d’acheteur a beaucoup évolué. Il y a quelques années, tout le monde parlait des cost-killers (…) Mais ce cliché est dépassé, affirme Sylvie Noël. Un vrai bon acheteur doit générer de l’apport de valeur ; c’est-à-dire permettre aux directions métiers de fonctionner dans les meilleures conditions possible . »

L’acheteur doit donc être capable de définir les besoins spécifiques des directions métiers, d’identifier les fournisseurs capables d’y répondre et de sélectionner les plus pertinents. En ce sens, « l’acheteur constitue un véritable partenaire de business pour aider dans la réalisation de ce qui doit être fait par les équipes métiers » , souligne Sylvie Noël.

Quels enjeux pour les achats dans un contexte de transformation ?

Coûts, rentabilité et performance des équipes métiers : les achats occupent une fonction stratégique dans l’entreprise en raison de leur impact global. Constatée depuis quelques années, l’évolution du métier s’est effectuée dans un contexte de transformation.

Tout d’abord, la transformation digitale a engendré l’utilisation de nouveaux outils, le développement de nouvelles compétences et la digitalisation des processus. Elle a également généré de nouvelles organisations de travail, offrant des opportunités comme l’externalisation de compétences et le recours aux freelances.

Le contexte de crise sanitaire, et depuis peu, de guerre, ont également nécessité de nombreuses remises en question.

« Depuis 2,5 ans, (…) les entités achats ont essayé de trouver des solutions face à cette situation inédite, explique Sylvie Noël. (…) D’où le besoin de revoir ses référentiels et de changer ses habitudes.”

Enfin, l’engagement sociétal des entreprises a eu un impact sur la façon d’opérer les achats. « L’enjeu du métier est de savoir trouver les fournisseurs capables de répondre aux prérequis qui correspondent à l’axe de l’engagement des entreprises, et d’inciter les directions métiers à travailler conjointement avec les achats pour transformer cette proposition en acte d’achat. » Car si les achats effectuent le travail de sourcing et de sélection, « ce sont, la plupart du temps, les directions métier qui sont amenées à choisir », ajoute Sylvie Noël.

Achats : quels critères prendre en compte ?

Dans un contexte de plus en plus complexe et global, les achats doivent se baser sur des critères multiples, parmi lesquels le financier, la sécurité et la RSE.

Essentiel, l’aspect financier ne se résume pas à la réduction des coûts : il intègre le rapport qualité-prix, la rentabilité globale et le respect des délais.

Comme le mentionne Sylvie Noël, l’aspect sécurisation, qui comprend le respect des conditions réglementaires et de sécurité, doit également être intégré.

Enfin, les achats doivent désormais inclure la dimension RSE, avec de nouveaux critères ayant un impact direct sur la sélection des fournisseurs afin de privilégier les achats responsables. S’engager à développer le tissu économique, accompagner les personnes en difficulté — en recrutant par exemple une personne en situation de handicap, ou en tenant compte de la politique des fournisseurs sur ce sujet — sont autant de réflexions à mener du côté des achats pour développer son engagement sociétal, selon Sylvie Noël.

Les compétences pour être un bon acheteur

Connaissances juridiques et financières, techniques de négociation : un acheteur doit détenir un certain nombre de hard skills ; des connaissances plutôt bien maîtrisées en France grâce aux écoles proposant des cursus spécifiques.

Du côté des soft skills, Sylvie Noël insiste sur l’importance de la curiosité et la nécessité de sortir de ses habitudes, comme la capacité à aller chercher des start-ups ou des freelances répondant exactement à ses besoins.

Créativité, agilité, force de conviction, rigueur et qualités de communication font également partie des compétences essentielles pour exercer le métier d’acheteur.

Julie Huguet est entrepreneure et présidente d’une capitale French Tech. Passionnée de tous les sujets liés à la transformation, l’innovation ou plus généralement à la tech.

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