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L’essor du Freelancing en Afrique avec Aïssatou Baldé

Interview Aïssatou Baldé par Julie Huguet

Julie Huguet : Aujourd’hui, j’ai la chance d’être en compagnie d’Aïssatou Baldé, la fondatrice d’une plateforme de freelances africains Nawaari. Nawaari, cela signifie quoi ?

Aïssatou Baldé : Cela signifie bienvenue sur la plateforme. On accueille les entreprises du monde à venir découvrir les talents africains.

Julie Huguet : Comment est venue l’idée de Nawaari ?

Aïssatou Baldé : A l’origine, j’étais consultante en communication et j’accompagnais des entreprises qui voulaient se lancer en Afrique. Je mettais en place toute la partie stratégie et lorsque j’allais dans les villes africaines comme Conakry, Dakar ou Abidjan et que je recherchais des community managers, des graphistes, des développeurs pour m’accompagner sur la partie opérationnelle de ces stratégies, j’avais énormément de mal à trouver ces professionnels. Les talents étaient là mais il n’existait pas cette plateforme qui permet de les référencer par pays, par tarif, par métier, etc.

Julie Huguet : En Afrique, comment t’es-tu rendu compte qu’il y avait ces talents ?

Aïssatou Baldé : En Afrique comme en France, c’est très dur de trouver des chiffres. Mais quand on est dans une phase de recrutement, on passe par le bouche-à-oreille, on interroge notre entourage. Et donc on me faisait énormément de recommandations. Et ces professionnels arrivaient avec des portfolios qualitatifs : ils sont là et très talentueux, très formés, très compétents.

Julie Huguet : On ne connaît pas du tout le marché en Afrique. Comment se structure ce marché du freelancing en Afrique ?

Aïssatou Baldé : On a un marché qui est très mature au niveau de l’Afrique anglophone. L’Afrique du Sud, le Kenya, le Nigeria sont très en avance sur le statut du freelance. En revanche, pour l’Afrique francophone, l’Afrique subsaharienne, il y a un statut d’indépendant qui ressemble beaucoup à celui qu’on connaît ici, mais qui est encore peu connu.

On a de très bons freelanceurs en Côte d’Ivoire, au Togo, au Bénin où on commence à s’implanter et à grandir, et puis aussi, progressivement, au Sénégal, en Guinée. Ces pays commencent à s’ouvrir à ce mode d’activité.

Julie Huguet : Quels sont les métiers que tu as le plus ?

Aïssatou Baldé : On a beaucoup de professionnels du développement, beaucoup d’autodidactes. Mais ce sont des professionnels qui sont très compétents et qui sont aujourd’hui capables d’accompagner une entreprise sur ce type de mission. On a tous les métiers de l’image, du graphisme, les métiers de community management aussi.

Julie Huguet : Assez proche des tendances que l’on a en France. Est-ce que tu peux nous en dire plus sur ta start-up ?

Aïssatou Baldé : On est très content de pouvoir dire qu’on a 700 freelances inscrits sur la plateforme, avec principalement des professionnels de Côte d’Ivoire, Togo et Bénin. Et l’idée pour nous est de permettre à tous ces jeunes de pouvoir trouver des missions, que ce soit au niveau continental ou européen. Ce que l’on promet à nos clients est de travailler avec les meilleurs talents d’Afrique. Donc on a mis en place un processus de recrutement en quatre étapes qui passe par la vérification de l’identité, l’envoi du portfolio, un entretien individuel parce qu’on sait que les freelances doivent être capables de faire preuve de proactivité, de rigueur, d’autonomie et puis la vérification des références lorsque cela est possible.

Julie Huguet : Donc une belle progression depuis ton lancement. J’imagine que si tu as créé cette entreprise, c’est que tu as une vision pour le marché africain. Finalement, quel est ton rêve absolu ?

Aïssatou Baldé : La volonté est vraiment de contribuer au développement du continent africain par la création d’emplois. Donc tant au niveau international que local. Il y a des réels problématiques au niveau local que j’aimerais pouvoir adresser comme l’accès aux infrastructures de base, l’électricité, la connexion internet. Et pour cela, dans quelques années, j’aimerais ouvrir des hubs où les freelances pourraient venir se former, apprendre un métier, apprendre à devenir freelance et surtout pouvoir bénéficier d’un espace qui dispose d’un maximum d’équipements pour leur permettre de vivre de leur activité et sortir de la précarité.

Julie Huguet : C’est un beau projet ambitieux. Est-ce que tu as une actualité avec ta start-up que tu as envie de nous partager ?

Aïssatou Baldé : Oui, bien sûr. On va bientôt lancer la première formation « Devenir Freelance » qui sera dédiée à tous les jeunes Africains qui souhaitent s’insérer par le Freelancing et qui sera disponible en ligne d’ici quelques mois.

Julie Huguet est entrepreneure et présidente d’une capitale French Tech. Passionnée de tous les sujets liés à la transformation, l’innovation ou plus généralement à la tech.

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