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Les données à connaître sur le marché français de l’externalisation des systèmes d’information

Le 12 May 2021
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Le besoin croissant de solutions numériques performantes, de systèmes d’information sûrs et de personnel compétent et expert, a généré un essor des prestations d’infogérance au cours des dernières décennies. Cela est vrai sur l’ensemble de la planète, mais aussi plus particulièrement en France.

De nombreuses études sur le sujet ont été menées par des cabinets indépendants et des entreprises qui fournissent des prestations d’infogérance (ESN). Elles nous aident non seulement à comprendre ce qu’est l’infogérance et le poids des différents services fournis, mais c’est aussi une manière de constater l’évolution de cet outsourcing numérique et son importance pour les entreprises qui y font appel.

Les données à connaître sur le marché français de l’externalisation des systèmes d’information

L’évolution du marché de l’infogérance au fil des années

En France comme dans le reste du monde, le marché de l’externalisation des SI ne suit pas une évolution linéaire. On constate toutefois une croissance globale du nombre de contrats signés et de leur valeur depuis les années 90. Par exemple, des études menées par le cabinet Pierre Audoin Consultants montrent que le marché représentait moins de 2 milliards d’euros avant 1997, pour passer à plus de 5,6 milliards d’euros en 2007. En 2020, le marché s’élève à plus de 13 milliards d’euros en France (source : Statista).

Un autre indicateur clé utilisé pour mesurer l’évolution du marché de l’infogérance est la Valeur Annuelle des Contrats (ACV en anglais). Il s’agit de la valeur moyenne générée par les contrats d’externalisation informatique, qui ne doit pas être confondue avec le chiffre d’affaires. En France, cette valeur a par exemple augmenté de 23 % entre 2018 et 2019. 

Au-delà de la valeur, on peut aussi noter une croissance du nombre de contrats signés entre entreprises clientes et prestataires. Entre 2018 et 2019, ISG note également une hausse du volume de contrats en France, avec une augmentation de 38 %.

En 2014, 75 % d’entre eux étaient de nouveaux contrats, soit 48 % de plus que durant l’année 2013. 

Tout cela concourt à faire de la France l’un des pays du Top 3 sur le marché de l’externalisation IT en Europe. Cela dure depuis plusieurs années déjà , avec le Royaume-Uni et l’Allemagne, également en tête du classement.

Ces chiffres plutôt reluisants ne doivent cependant pas faire oublier que le marché de l’infogérance peut se montrer fragile. La crise du Covid-19 en est la preuve : toujours selon ISG, même si la valeur annuelle des contrats sur les marchés de l’Europe, du Moyen-Orient et de l’Afrique (EMEA) a augmenté au cours du premier trimestre 2020, cette croissance aurait été plus forte sans la pandémie. Sur l’ensemble de l’année, les chiffres prévisionnels montraient d’ailleurs une baisse d’environ 7 % de l’ACV de l’infogérance

Les Directeurs des Services Informatiques (DSI) ne cachent d’ailleurs pas leur réticence à investir et à signer de nouveaux contrats. Selon une étude, la moitié d’entre eux envisageait de réduire leurs investissements au cours de l’année 2020, tandis que plus de 30 % prévoyaient un report des investissements sur l’année suivante. Si ces investissements ne sont pas tous destinés à la mise en œuvre ou au développement de l’infogérance, il est certain que le secteur en pâtit tout de même.

La répartition des types de prestation d’infogérance

La croissance globale de la valeur et du volume des contrats d’infogérance au cours des dernières décennies cache en réalité quelques disparités. En effet, l’externalisation de la gestion du système d’information inclut plusieurs types de services, qui n’évoluent pas au même rythme et n’occupent pas la même part de marché.

Une étude menée en 2018 par Best Practices SI, entreprise qui collecte et analyse des données sur le numérique et les SI, nous le montre assez clairement. Ainsi, l’infogérance est utilisée à 59 % pour des services d’applications, à 49 % pour la gestion de l’infrastructure informatique, à 38 % pour le Cloud et à 33 % pour les services réseaux et la maintenance.

Et au sein même des services de Cloud Computing, on peut constater des évolutions à plusieurs vitesses. Ainsi, entre 2018 et 2019, la valeur des contrats SaaS (Software as-a-Service) a augmenté de 6 % alors que celle des contrats IaaS (Infrastructure as-a-Service) a légèrement décru. Mais cette tendance pourrait bien s’inverser, car les prévisions au niveau mondial laissent à penser que l’IaaS sera probablement l’activité qui connaîtra le plus fort développement dans les années à venir.

Les motivations des entreprises pour recourir à l’infogérance

La compréhension du marché de l’externalisation des systèmes informatiques passe aussi par l’appréhension des besoins des clients et des solutions que les ESN (Entreprises de Services Numériques) ont à leur proposer. Quelques chiffres permettent de se faire une bonne idée des attentes des entreprises et de ce qui les incite à externaliser tout ou partie de leur administration, hébergement et maintenance informatiques.

Parmi elles, l’une des plus importantes est la volonté de réduire les coûts, comme le démontrent les résultats de l’étude menée en 2020 par le cabinet Whitelane Research. Cependant, ce chiffre semble en baisse (66 % en 2020, contre 75 % en 2016). Les clients sont en effet aujourd’hui à la recherche de bien plus qu’une économie financière. Ainsi, pour la moitié des entreprises, l’important est de pouvoir se concentrer sur le cœur de leur activité en confiant la gestion du SI à un prestataire. De plus, 47 % des entreprises françaises qui ont répondu à l’enquête affirment vouloir améliorer la qualité de leur service via la mise en œuvre de l’infogérance.

D’autres études viennent corroborer l’importance de la qualité du service proposé par le prestataire. Les entreprises clientes ayant participé à l’enquête de Best Practices SI en 2018 affirment majoritairement qu’elles souhaitent bénéficier des compétences techniques et des dernières technologies du prestataire, de sa disponibilité à tout moment et de sa capacité à simplifier l’administration du système d’information. Plus qu’un simple gestionnaire, le prestataire doit en effet apporter un rôle de conseil et proposer des solutions innovantes pour optimiser le SI de ses clients.

Les chiffres clés du marché de l'infogérance en France 2

Les freins à un développement plus conséquent du secteur d’activité de l’infogérance

Grand groupe ou PME, presque chaque entreprise pourrait avoir intérêt à externaliser ses activités SI auprès d’une société spécialisée dans l’infogérance. Mais en réalité, des obstacles et des réticences empêchent encore un déploiement plus massif de ce type de services.

Effectivement, presque 80 % des entreprises interrogées au cours de l’étude menée par Best Practices IT affirment craindre une dépendance vis-à -vis de l’ENS qui va gérer leur système informatique. Quant à la sécurité des données, elle concerne et inquiète la moitié des répondants lorsqu’il s’agit de déléguer la gestion de leur SI via le Cloud Computing. 

De plus, même si peu de données chiffrées viennent étayer les autres raisons qui freinent les entreprises, on sait qu’elles craignent aussi de perdre le contrôle sur leur système d’information, d’avoir des difficultés à calculer le ROI de cette externalisation ou à gérer la relation avec le prestataire.

Les entreprises du secteur de la gestion de systèmes informatiques ont donc encore quelques défis à relever pour convaincre certains clients jusqu’alors réticents. Mais dans l’ensemble, le marché se porte bien, et l’intégration de technologies toujours plus sophistiquées ne peut qu’encourager les entreprises à externaliser la gestion de leur SI à des experts des applications, logiciels, réseaux et infrastructures informatiques.

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